“La photographie, avant d'être une image [..], est une forme de participation empathique au monde. Le photographe accompagne le monde bien plus qu'il ne le fige. La photographie est moins une façon d'arrêter le temps [..] qu'une façon de toucher la blessure du temps vivant.”
Le Mystère de la Chambre Claire, Photographie et Inconscient
Flammarion, Paris, 1996
Avec son projet « Ouvrir le diaphragme », L’œil parlant utilise le médium photographique dans le cadre d’ateliers destinés à des victimes de violences sexistes et sexuelles d’un côté et des agresseurs condamnés par la justice de l’autre. L’objectif est d’accompagner les participant.es dans leur parcours de sortie de la violence en faisant émerger des prises de conscience individuelles. Il s’agit de soutenir les victimes sur le chemin du rétablissement (ou réparation) et les auteurs sur celui de la responsabilisation.
Durant ces ateliers qui se développent durant trois mois, les victimes réalisent des Écrins (carnets photographiques réunissant des images et des textes sur un sujet personnel et parfois politique) et les auteurs des Agrégats (Carnet personnel protéiforme mêlant photographies, collages et textes).
- 2021 : ADAES44 > Un atelier auprès des auteurs de violences
- 2022 : Citad’Elles > Un atelier auprès des victimes de violences
- 2023 : Citad’Elles > Un atelier auprès des victimes de violences
- 2024 : Centre de Détention de Nantes > Un atelier auprès des auteurs de violences
- 2025 : Espace Départemental de Solidarité Chateaubriant > Un atelier auprès des victimes de violences
- 2026 : Centre de Détention de Nantes > Un atelier auprès des auteurs de violences
RÉALISATIONS
Extrait d’un écrin
TÉMOIGNAGES
LES VICTIMES
“ Je ne savais pas comment j’allais me saisir de cet atelier et où il était sensé nous amener. Je suis extrêmement satisfaite et contente d’avoir participé. J’ai pu me libérer de certaines émotions. ”
“ J’ai adoré chaque séance, je rentre de cet atelier avec plein de pistes, une méthode de cheminement qui m’a emmenée beaucoup plus loin que je n’aurais pu l’imaginer. ”
“ Cela m’a permis d’avoir de plus en plus confiance en moi et aussi dans le groupe ! J’arrive beaucoup plus à parler, à montrer mes sentiments grâce aux photos et à toutes les filles. ”
“ Je suis en psychothérapie depuis des années, je verbalise beaucoup, mais les mots ne peuvent pas tout exprimer. Les photos sont un autre mode de communication, je lâche quelque chose de plus corporel, je suis dans le lâcher prise, ça me fait du bien ! ”
“ J’ai beaucoup apprécié cette opportunité d’échanges réguliers autour de la photo. Cela me donnait à la fois un cadre pour mettre des mots sur mes propres photos, en en parlant aux autres, et l’occasion de suivre le cheminement d’autres personnes. Hyper enrichissant ! ”
“ Le rythme d’un atelier tous les 15 jours avec des « devoirs » à faire pour la fois suivante, les retours et les conseils des autres à chaque fois, cela m’a poussé a essayé des choses que je gardais auparavant dans ma tête sans passer à l’action. C’était soudain le bon moment de se lancer et j’ai le
sentiment d’avoir beaucoup avancé. ”
“ Je vis cet atelier comme un soin, un moment pour moi, un peu égoïste. ”
“ Je me suis découverte une passion pour la photographie. Je compte absolument continuer à prendre des photos pour exprimer des choses et les partager autour de moi. ”
“ Je pense continuer à faire des photos car j’y prends vraiment plaisir ! ”
LES AGRESSEURS
“ En participant à cet atelier, j’étais plutôt perplexe, mais au fur et à mesure des séances et des échanges avec les intervenantes, j’ai pu m’exprimer en toute confiance et produire un travail d’introspection. J’ai pu produire un travail qui donne du sens à mon parcours de vie : environnement, éducation, culture, fréquentation, rapport homme-femme, violence, changement. ”
“ Ça m’a fait m’interroger sur mes erreurs. J’ai eu une ouverture intellectuelle qui m’a fait avancer dans la compréhension des violences faites aux femmes. ”
“ J’avais du mal à m’exprimer avec les gens et ça m’a aidé à travailler cela. C’est bien d’échanger à plusieurs. ”
“ Quand j’ouvre l’agrégat, je comprends que ça raconte une histoire. Je ne réalisais pas ça quand je découpais et collais. Cet objet me traverse. C’est des bouts de ma vie (...) j’aimerais que ça change quelque chose pour les autres. J’encourage ce genre de travail. C’est important de parler des violences. ”
“ Il y avait des incohérences dans mon parcours, des contradictions. Aimer sa mère. Battre sa femme. Sauver la planète. La détruire. J’ai compris que dans la vie, je ne suis pas tout seul, malgré mes erreurs. Je veux que mon projet participe à lutter contre toutes formes de violence. ”
“ Cet atelier permet aux participants d’engager un vrai travail de réflexion et d’analyse de la situation (causes, conséquences). Prendre ces photos offre l’occasion de mettre en scène ses émotions, de s’ouvrir, d’établir des constats utiles. Il est complémentaire que les participants réalisent seuls des photos – ce qui implique de la réflexion et un investissement personnel - mais puissent ensuite en échanger avec un tiers averti dans un cadre propice au dialogue. ”
“ Je n’ai pu assister qu’au début des ateliers mais il m’a semblé intéressant d’approcher la problématique par le biais détourné qu’est la photo. Les outils comme la facilitation graphique ou le photodialogue, et bien sûr la réalisation d’images personnelles, ont suscité l’intérêt des gars présents. Ils réagissaient avec des positionnements très différents, en fonction de leur parcours et étaient plus ou moins à l’aise pour s’exprimer. La parole peut se libérer par la photo, support pour exprimer ses émotions. ”
“ Nous souhaitons travailler de nouveau sur ce format en utilisant des outils détournés comme la photo : cela facilite la parole autour du passage à l’acte. ”